Budget 2026: "Depuis hier soir la France emprunte plus cher que l’Italie", alerte le ministre de l’économie Eric Lombard

Comme l’a souligné Jean-Hervé Lorenzi, le président des Rencontres économiques d’Aix-en-Provence à l’issue de la session spéciale dédiée au ministre de l’économie Eric Lombard, il n’aura fallu que 16 minutes à ce dernier pour faire passer un message essentiel: la nécessité de réduire le déficit public, et donc de valider le budget que s’apprête à présenter le Premier ministre le 15 juillet. "On est à un moment historique, parce que depuis hier soir, nous empruntons plus cher que l’Italie."
Autrement dit les taux auxquels les créanciers sont prêts à prêter à la France sont plus élevés que ceux dont bénéficie notre voisin, en raison de la situation financière de la France. "Cette année, la charge de la dette c’est 67 milliards d’euros, plus que le budget de la Défense, et dans trois ans ce sera 100 milliards, donc si on ne stabilise pas la dette, on va perdre toute capacité de souveraineté, la capacité à investir, à préparer l’avenir, et donc pour ça, il faut qu’on fasse un effort, qui a été fait dans l’Histoire, de stabilisation de la dépense publique, parce qu’on a 57% du PIB (produit intérieur brut, Ndlr) de dépense publique, et c’est par l’ajustement de la dépense que nous rétablirons l’équilibre et pas par les augmentations d’impôts, c’est le thème que le Premier ministre va développer le 15 juillet." martelait le ministre de l’économie, avant d’aller sur le terrain politique.
Protéger l’industrie vis-à-vis de la Chine"Vous allez me dire, vous n’avez pas de majorité, non on n’a pas de majorité, sauf que c’est un sujet d’intérêt national, (...) donc nous travaillons avec l’ensemble des partis, on refait en ce moment ce qu’on a fait en janvier, pour faire adopter la loi de finance pour 2025, on reçoit à Bercy, avec Amélie de Montchalin, tous les partis, on a commencé, on les aura tous vus à temps pour la présentation du 15 juillet. Il y aura une maquette qui sera présentée, on commencera à discuter et on continuera à la rentrée. (...) Je pense que l’urgence où nous sommes, l’intérêt vital du pays, doit nous permettre d’avoir l’accord le plus large pour que ce budget soit voté et nous permettre d’engager le redressement budgétaire et économique."
Eric Lombard, dans son exposé face à une salle comble, appelait aussi, alors que les négociations commerciales entre l’Union européenne et les Etats-Unis touchent à leur fin, à protéger l’industrie européenne vis-à-vis de la Chine.
"Il faut qu’on change les règles du jeu européen. Nous devons protéger notre industrie. Nous l’avons fait en commençant à ériger des barrières douanières, on l’a fait sur l’acier, et il faut renforcer ces barrières. On l’a fait sur l’automobile, mais il faut qu’on le fasse sur l’ensemble de nos segments industriels, sinon la politique chinoise qui consiste dans chaque segment industriel à avoir une capacité de production qui dépasse les 50% de parts de marché mondiales, va tuer notre industrie."
Le ministre de l’économie soulignait la proximité de vision avec la coalition allemande, dont il va rencontrer les représentants la semaine prochaine à Berlin "pour trouver un agenda politique très dynamique."
Le locataire de Bercy estime enfin qu’un accord pourrait être trouvé ce week-end entre l’Europe et les états-Unis concernant les tarifs douaniers. "Sinon il faudra sans doute que l’Europe fasse preuve de plus de rigueur dans la réponse pour rétablir l’équilibre."
Var-Matin